La libération du village par les Canadiens en 1918

Le 11 octobre 2011, le village fêtait le 93ème anniversaire de sa libération par l’armée canadienne.

Quelques jours plus tôt, une exposition relatant cet évènement était présentée M Jean-Pierre Lestriez, de Bellonne, passionné par cette époque, dans la salle des fêtes.

Cette page d’histoire est tirée de celle-ci et retrace les évènements qui se sont déroulés le 11 octobre 1918.

Merci à M. Lestriez pour les recherches et les informations offertes.

Le village d'Estrées avant l'attaque canadienne

Le village était occupé depuis le 1er octobre 1914.

En avril 1917, la population civile était évacuée.

En mai 1917, beaucoup de bâtiments étaient encore intacts.

Le renforcement sud et la protection de "la voie de 60"

Les Allemands avaient construit une voie de « 60 » dès 1914. Elle passait au sud d’Estrées et reliait d’un côté  le secteur de Vitry-Brebières au secteur de Cantin-Arleux afin d’acheminer matériel, munitions et combattants vers le front.

Entre Estrées et Bellonne de nombreux militaires déposent traverses et rails (photo 1).

A Estrées, lors de fouilles archéologiques en février 2009, des vestiges de la voie ferrée ont été retrouvés.  Cette partie de voie était protégée par 2 casemates (photo 2).

Dès le mois d’août 1918, les Allemands creusèrent des tranchées et relièrent les casemates armées de mitrailleuses Maxims. Le soutien d’artillerie de campagne était disposé dans le bois de Goeulzin. Tout était conçu pour surveiller les marais au sud et protéger la « voie de 60 ». 

La voie de 60

La voie de 60  (en jaune), passait à Estrées, Bellonne, Noyelles et rejoignait Brebières dans la zone du Tréhout (SuperU). Elle venait d’Arleux et de Cantin. Elle permettait le transport des troupes et le rapatriement des blessés soignés dans le lazaret.

De nombreuses casemates étaient réparties au nord de la voie ferrée dans Estrées

L'hopital militaire, le lazaret et le cimetière

 

L’hospice fut construit en 1906, il fut transformé par les Allemands en lazaret.

La rue de l’Hospice existe de nos jours.

Le chemin de l’hospice menait à l’écluse d’Estrées. Il permettait l’accès à Goeulzin par le pont-levis. Les Allemands l’utilisèrent souvent pour amener leurs blessés dans le lazaret, centre de soins du secteur, les villages voisins ne disposaient que d’une infirmerie.

 

Des infirmiers attèlent une ambulance, alors que des convalescents posent avec le médecin et les infirmiers.

 

Le chemin de l’hospice menait au cimetière allemand situé sur la gauche.

L'entrée du village

A 22h, le capitaine Morkill pénétrait avec une patrouille de la 1ère compagnie dans Estrées. Ce fait fut salué par son supérieur comme un bel exploit. En longeant la tranchée depuis le mont Bédu, il avait réussi, sous une pluie battante, dans une obscurité totale, sans contact avec ses arrières, à entrer par les trois chemins au sud d’Estrées, à placer des sections de gauche à droite du village, à le traverser du sud vers le nord, en y installant des avant-postes. Le reste des hommes était en position dans les caves des maisons et aux abords du village.

Ce valeureux capitaine ne fut pas récompensé pour son exploit. Le village d’Estrées n’avait pas été bombardé par les artilleurs et les Allemands avaient eu le temps d’évacuer. Des maisons étaient démolies ainsi que les ponts et passerelles sur le canal. Le capitaine Morkill s’il avait été prétentieux, s’était aventuré dans un village vide.

Le 1er peloton prenait position au centre du village à l’est de l’église et du cimetière, derrière la mairie.

Le 2ème peloton occupait le l’entrée ouest du village près de l’Ermitage.

Le 3ème peloton contrôlait la zone de l’hospice et le chemin menant à l’écluse.

Le 4ème peloton étiré dans la zone sud du village, s’installait dans les caves des premières maisons.

A 18h, avec l’arrivée du 10ème bataillon à Hamel, la 2ème compagnie relevée avança entre le chemin du bois et le chemin d’Estrées à Hamel. Elle se plaça à l’est d’Estrées.

La 3ème compagnie progressait à gauche de la route Tortequesne l’Ermitage et avait pour objectif le Mont de Bellonne. Les Allemands avaient incendié la partie basse de Bellonne et l’arrière garde tirait depuis l’Ermitage. Les 2 pelotons du flanc droit firent intervenir les fusils mitrailleurs Lewis et les ennemis furent obligés de se retirer. 

La 4ème compagnie  du capitaine Maley, prenait la direction de Bellonne et remontait le long du chemin de Sailly. Après un parcours périlleux entre bois et tranchées elle se réorienta et vint se placer au sud de la chapelle d’Estrées.

A 3h30, le capitaine Anders faisait le tour de ses avant-postes et vérifiait que les sections de ses pelotons étaient correctement abritées dans des trous et des tranchées. 

Les autres compagnies du bataillon étaient au contact. Le bataillon était prêt pour la grande offensive du lendemain.

Le placement des compagnies du 7ème bataillon

Placement du 7ème bataillon le 11 octobre

La 1ère compagnie prenait position dans le village. 

La 2ème compagnie se trouvait à l’est du village entre le chemin d’Estrées à Valenciennes et le chemin d’Estrées à Arleux.  

La 3ème compagnie élargissait sa ligne de front et contrôlait la zone de l’Ermitage.

La 4ème compagnie en réserve était cantonnée dans une dépression située dans les champs au sud du village.

Epilogue

Le 12 octobre, le 7ème bataillon attaquait dans le découvert au nord d’Estrées et se heurtait aux solides défenses allemandes. Bloqué à 400 mètres du canal, il s’enterrait et attendait.

Le 13 octobre, le 10ème bataillon était relevé du secteur d’Arleux et était cantonné à Estrées, le 7ème bataillon s’installait à Bellonne.

Le 17 octobre, la 1ère division canadienne franchissait le canal de la Sensée. 

Le 18 octobre, la 3ème brigade cantonnée à Eterpigny se mettait en route. Le 13ème bataillon s’arrêtait à midi à Estrées dans des cantonnements propres pour prendre un repas. A 14 heures, il repartait.

Un mois après la libération d’Estrées, le 7ème bataillon se trouvait au sud de Mons en Belgique lorsque fut annoncé le cessez-le-feu.

Sources

Merci à M. Jean-Pierre Lestriez, historien de Bellonne